Depuis quelques jours, la marque d’ultra-fast fashion SHEIN s’est installée dans les locaux du Bazar de l’Hôtel de Ville (BHV).
Malgré les scandales répétés, malgré la vente de poupées à caractère pedopornographiques, 50 000 visiteurs se sont déjà rendus sur place.
Ce chiffre donne le vertige. En laissant s’implanter une marque symbole d’exploitation, c’est tout notre tissu économique national qui disparaîtra. De nombreuses enseignes françaises – Camaïeu, Kookaï, Jennyfer – ont déjà mis la clé sous la porte.
Qui peut rivaliser face à un t-shirt à moins de 2 euros ?
Derrière les prix bas de SHEIN c’est pourtant tout un système prédateur.
L’enquête menée en juillet 2025 par China Labour Watch et ActionAid France révèle des conditions de travail extrêmes. Les femmes sont doublement exploitées : cantonnées à des tâches sous-valorisées, moins rémunérées que les hommes, victimes de violences physiques et sexuelles. Dans certains ateliers, elles travaillent avec leurs enfants, exposés aux machines et souvent non rémunérées individuellement.
En 2023, Shein a signé un accord stratégique avec le parc industriel de Guangqing, au Guangdong, qui joue un rôle clé dans l’intégration dans la chaîne textile chinoise du coton du Xinjiang, région où les violations des droits humains sont massives envers le peuple ouïghours.
Derrière l’image glamour et la communication sur “la mode accessible à tous”, SHEIN alimente un système d’exploitation globalisé fondé sur la précarité, la surproduction et l’esclavage.
SHEIN enfreint également les règles du marché européen : 100 % des jouets testés issus de sa plateforme sont non conformes aux normes de sécurité de l’Union européenne.
Les risques pour les consommateurs, notamment les enfants, sont réels.
Face à cette situation, j’ai écrit au Ministre de l’Économie, Roland Lescure, pour demander le déréférencement de SHEIN et de TEMU, première étape avant leur interdiction totale
Le gouvernement s’est récemment félicité d’avoir fermé la marketplace de SHEIN où étaient vendus ces produits à caractère pédopornographique. Mais qu’en est-il du reste ?
L’esclavage moderne des ouighours notamment dans les chaînes de production de SHEIN et TEMU n’est pas suffisant pour justifier une interdiction immédiate de ces marques comme c’est d’ailleurs le cas aux États-Unis.
Et que devient la commission mixte paritaire censée acter la loi anti fast fashion ?
Pourquoi n’est-elle toujours pas inscrite à l’ordre du jour ?
Le temps presse et chaque jour qui passe renforce un modèle industriel destructeur.
Heureusement, les associations et collectifs se bougent. Une autre mode est possible a lancé il y a quelques semaines une pétition (que vous pouvez signer ici) pour dire stop à SHEIN au BHV qui a récolté pas moins de 130 000 signatures.
La mobilisation doit se poursuivre. Je continuerai, au Sénat, à porter la voix de celles et ceux qui refusent cette dérive. Face à la fast fashion, nous devons défendre une autre vision : celle d’une mode respectueuse des droits humains, de l’environnement et de notre économie locale.

