L’annonce de l’arrivée de SHEIN au BHV Marais et dans plusieurs Galeries Lafayette franchisées a légitimement provoqué une vague d’indignation. Et pour cause : SHEIN n’est pas une marque comme les autres.
Son modèle économique repose sur une concurrence déloyale, l’exploitation de travailleuses et travailleurs, et sur un système de production destructeur pour la planète.
De nombreuses enquêtes journalistiques ont révélé que les vêtements de SHEIN sont fabriqués à partir de coton provenant du Xinjiang, une région chinoise où plus d’un million de musulmans ouïghours sont victimes de travail forcé et de violations massives des droits humains, qualifiées par certains observateurs de crimes contre l’humanité.
Le modèle prédateur de SHEIN est également une catastrophe écologique. La marque a elle-même reconnu que ses vêtements étaient portés en moyenne moins de trente fois avant d’être jetés. En 2023, ses activités ont généré plus de 16 millions de tonnes de CO₂, contre 9 millions seulement l’année précédente !
Dès l’annonce de cette installation, j’ai interpellé le groupe SGM, propriétaire du BHV.
Ce choix n’est pas anodin : installer SHEIN au cœur du BHV Marais, lieu emblématique du commerce parisien, revient à offrir une légitimité culturelle et commerciale à un modèle économique destructeur.
Quand une marque prédatrice entre dans un grand magasin historique, c’est tout un modèle de société qui vacille. On laisse le ver entrer dans la pomme et pourrir de l’intérieur tout un modèle !
Pendant ce temps, de nombreuses enseignes historiques françaises comme Naf Naf, Jennyfer, et tant d’autres disparaissent sous la pression de la fast fashion.
En douze ans, près de 500 000 emplois ont été détruits dans le secteur du prêt-à-porter.
Ce ne sont pas seulement des chiffres mais des savoir-faire, des artisans, des emplois locaux qui s’éteignent, pendant que des géants du jetable prospèrent.
J’envisageais aussi d’interpeler la “Caisse des dépôts et consignations” afin d’avoir la garantie que l’argent des Français ne serve pas à financer, même indirectement, un acteur qui fragilise l’emploi, bafoue les droits humains et accélère le dérèglement climatique. La Caisse des dépôts a été claire : elle ne financera pas ce partenariat.
De son côté, l’Union du grand commerce du centre-ville a, elle aussi, pris position en excluant à l’unanimité la société exploitant le BHV.
C’est une première victoire importante. Mais le combat continue. Parce qu’on ne peut pas voter une loi contre la fast fashion d’un côté et dérouler le tapis rouge à Shein au cœur de Paris de l’autre.
Il nous faut être cohérent : défendre la qualité, les savoir-faire, l’emploi, la dignité du travail et une mode durable. C’est ce modèle-là que je veux soutenir.