Hommage à Manouchian

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“Ils étaient 23 quand les fusils fleurirent” écrit Louis Aragon dans son poème “Strophes pour se souvenir” en hommage au groupe Manouchian.

Poètes, communistes, résistant·es, ouvrier·es, juifs·ves, les membres du groupe Manouchian ont défié l’occupant nazi au prix de leur vie. Constitué et organisé entre la fin de l’année 1942 et février 1943, le réseau Manouchian fait partie du groupe de résistance des Francs-tireurs et partisans – main-d’œuvre immigrée (F.T.P.-M.O.I.). Il tire son nom en hommage à leur chef Missak Manouchian, poète immigré arménien rescapé du génocide et figure de la résistance armée.

Partout dans Paris, l’occupant nazi placardait des affiches de propagandes destinées à discrediter le groupe Manouchian. En voulant présenter des résistant·es comme des assassins, l’effet inverse se produit. “Ils ne sont pas parvenus à leur faire de sales gueules” pouvait-on lire dans un article de presse de l’époque. 

Ces résistant·es sont devenus le visage de la France : riche de ses origines, fidèle à ses idéaux et à sa soif de liberté, et debout face à l’oppression. 

Arrêtés en novembre 1943, les membres sont jugés lors d’un procès qui se déroula devant le tribunal militaire allemand du Grand-Paris, du 17 au 21 février 1944. 22 des 23 membres du réseau sont condamnés à mort et fusillés le 21 février au fort du Mont-Valérien.

Peu avant son exécution, Missak Manouchian laisse une des plus belles lettres d’amour et de résistance à son épouse Mélinée : 

Je m’étais engagé dans l’Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain.

Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement.

Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous…

J’ai un regret profond de ne t’avoir pas rendue heureuse, j’aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d’avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu’un qui puisse te rendre heureuse.”

Une lettre qui, 81 ans après leur assassinat, résonne toujours avec force.

Présente dans le 20e, j’ai tenu à leur rendre hommage et à rappeler, plus que jamais, l’urgence de se mobiliser et de résister face à la montée de l’obscurantisme et du fascisme en Europe.