Et si l’insertion professionnelle devenait un prétexte pour précariser davantage ? Depuis 2018, les entreprises d’insertion par le travail indépendant (EITI), largement subventionnées par l’État et certaines collectivités, comme Paris, expérimentent un modèle économique controversé. Ces structures, reposant sur le statut d’auto-entrepreneur, flouent les droits fondamentaux des travailleurs et travailleuses, tout en manquant de transparence sur les engagements financiers publics.
Initialement prévu pour trois ans, le dispositif EITI a été prolongé jusqu’en 2026, malgré l’absence du rapport d’évaluation exigé par la loi de 2018. En tout, 100 millions d’euros ont été investis depuis 2020 sans qu’aucune preuve de leur efficacité en matière d’insertion durable ne soit fournie. J’ai donc interpellé le gouvernement à ce sujet lors de la séance des questions orales du 14 janvier 2025.
Contrairement aux véritables entreprises d’insertion, les EITI ne proposent pas de contrats de travail, mais imposent le statut d’auto-entrepreneur, avec son lot de désavantages :
- Pas de protection sociale en cas d’accident,
- Des allocations chômage insuffisantes,
- Des droits à la retraite réduits.
Plutôt que de favoriser une insertion professionnelle durable, ces structures reproduisent le modèle des plateformes lucratives, où les travailleurs sont des prestataires sans filet de sécurité. Ce n’est pas de l’insertion, mais une précarisation déguisée.
Prenons l’exemple de Lulu dans ma Rue, une structure qui a bénéficié de millions d’euros de subventions publiques tout en prélevant 20 % des prestations des travailleurs.
Par ailleurs cette structure est largement subventionnée par Paris:
- 360 000 € votés en novembre 2024,
- 93 000 € et 58 000 € pour l’exercice 2023,
- Un marché public de 3,5 millions d’euros attribué en 2019 pour trois ans.
Malgré ces soutiens financiers massifs, Lulu dans ma Rue reste une société à but lucratif, soutenue par des géants comme JCDecaux et Carrefour, et ne garantit ni contrats de travail, ni protection sociale, ni accompagnement adapté pour les bénéficiaires.
Lors de la séance des questions orales du 14 janvier 2025, j’ai demandé au gouvernement :
- Où en est le rapport d’évaluation promis par la loi de 2018 ?
- Comment justifier la prolongation des EITI sans preuve de leur efficacité ?
- Pourquoi continuer à financer des structures comme Lulu dans ma Rue, alors que les entreprises d’insertion traditionnelles démontrent leur efficacité avec de vrais contrats et un accompagnement sur mesure ?
Dans un contexte budgétaire contraint, il est impératif de concentrer nos ressources sur des dispositifs qui protègent réellement les travailleurs et les accompagnent vers une insertion durable. L’insertion ne doit pas être synonyme de précarité, mais de droits, de protection et de dignité.
Vous pouvez retrouver ma question au gouvernement ici