Avignon. Lundi 25 novembre. 7h30 du matin.
En cette journée de lutte contre les violences faites aux femmes, je retrouve des parlementaires, des militantes, devant le palais de justice d’Avignon déterminées à apporter notre soutien, dire notre admiration et exprimer notre sororité à Gisèle Pelicot.
Nous faisons la queue devant le tribunal, les premières d’entre nous (je devrais dire les premier.es car il y a aussi des hommes) sont arrivées avant 7h du matin pour s’assurer d’entrer dans la salle d’audience. Une banderole, accrochée au mur de fortification d’Avignon, en face du tribunal sur laquelle était inscrit « 20 ans pour chacun », disait les réquisitions du public. Normal, la journée sera consacrée aux réquisitions des procureurs de la République.
La salle sera donc grandement occupée par les accusés et leur avocat. Les places pour le public seront rares. Nous attendons dans le hall, afin d’être placées, quand soudain, Gisèle Pelicot arrive sous les applaudissements, les signes et les cris de solidarité. « Gisèle, on t’admire »« Merci Gisèle » « Bravo pour votre courage ». Elle répond, la main posée sur son cœur.
Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvons dans la salle de retransmission. Beaucoup resteront à la porte faute de place. Puis s’ouvrent les réquisitions de ce procès « hors norme » comme disent les avocats généraux : 31 mois d’enquête, 90 viols, 51 accusés de viol et 200 faits sur la personne de Gisèle Pelicot. Sordides, dégoûtants, nauséabonds, les faits sont détaillés. Soumission chimique, absence des consentements, culture du viol, fantasmes masculins dominateurs, ce procès tonne comme une prise de conscience collective. Il laisse voir aussi la force et le courage de cette femme, victime pendant si longtemps d’un mari violeur, qui l’a donnée à violer. Gisèle Pelicot, cette femme courage qui fera de ce procès un procès pour nous toutes, pour toutes les femmes victimes de violence, de viols et qui n’osent pas parler.
Il y aura un avant et un après Gisèle Pelicot comme il y a eu un avant et un après du procès d’Aix de Gisèle Halimi.
L’après Gisèle Pelicot portera, je l’espère, sur la définition du viol par l’absence de consentement, sur l’éducation des garçons et le respect du Non, sur la lutte contre la culture du viol. Bref. Sur des réponses aux combats féministes menés depuis longtemps.
Poursuivons le combat, il est impératif de le mener et de le gagner !