Comme parlementaire, je suis régulièrement sollicitée par des organisations pour évoquer leurs problématiques. Ce matin, j’ai rencontré M. Léonard Prunier, président de la Fédération des Entreprises et des Entrepreneurs de France (FEEF) et Mme Diane Aubert, directrice des Affaires publiques de la FEEF.
L’objectif ? Faire le point sur le projet de loi portant mesures d’urgence pour lutter contre l’inflation concernant les produits de grande consommation, examiné l’année dernière au Sénat. Le premier texte législatif sur lequel j’ai travaillé.
Une loi anti-inflation inefficace face aux géants de la distribution
Ce projet de loi était une incroyable démonstration de l’incapacité du gouvernement à s’attaquer aux causes profondes des prix alimentaires et des justes rémunérations des actrices et des acteurs de l’alimentation. Après l’échec des lois Egalim 1, 2 et 3, ce texte avait comme seule ambition de changer les dates des négociations entre distributeurs et grands distributeurs, espérant faire baisser les prix et ainsi répondre à la précarité alimentaire et aux enjeux de pouvoir d’achat des Français.
Finalement, peu de choses ont changé, les PME restent écrasées par les géants de la distribution, mais pour la première fois les PME et les grandes entreprises ont été traités de façon distincte. Face à une concentration croissante du secteur de la distribution, illustrée par le rachat de Cora et Match par Carrefour ou encore d’Intermarché absorbant Casino, les PME se trouvent de plus en plus démunies. Résultat ? Un rapport de force déséquilibré. Les marges des distributeurs peuvent atteindre 300 %. Les petits producteurs et les consommateurs en paient le prix.
Par ailleurs, il serait utile d’encadrer les négociations commerciales afin que les prix indiqués par les PME puissent être maintenus en prix d’achat à 5 ou 10% près. Il reste intéressant aussi de maintenir une négociation différenciée entre les grandes entreprises et les PME, comme le système expérimenté l’année dernière.
Un modèle économique déséquilibré
Ce constat appelle à une remise en question profonde de notre modèle économique. Ce système étouffe tout le monde : les agricultrices et les agriculteurs, les petites entreprises et bien évidemment, les consommateurs. Un autre modèle est possible, comme l’illustrent les exemples de supermarchés coopératifs comme La Louve où l’ensemble des produits est vendu au prix producteur, avec une marge fixe et minimale de 30%.
Il ne suffit pas de limiter les marges, il faut changer les priorités. Nous ne pouvons plus accepter un système à deux vitesses. Les plus démunis ne devraient pas être contraints d’acheter des produits bas de gamme, souvent importés et mauvais pour la santé. La solution passe par le soutien aux produits locaux et équitables.
Mon soutien constant pour une agriculture équitable et bio
Le soutien au bio doit être concret, pas des annonces creuses. Il faut une vraie politique pour intégrer les produits bio dans les circuits de distribution et rendre leurs prix accessibles.
Je plaide aussi pour une sécurité sociale de l’alimentation, qui rémunère les producteurs et garantit un droit à l’alimentation, et défends une agriculture équitable et écologique, abordable pour tous. C’est la seule façon d’assurer un partage juste de la valeur.
Il est urgent de rééquilibrer véritablement les négociations commerciales. La grande distribution ne doit plus imposer ses règles. Notre priorité : mieux rémunérer les agriculteurs et redistribuer la valeur de manière plus équitable.
L’enjeu est de taille, mais ensemble, avec les acteurs de terrain, nous pouvons trouver des solutions innovantes pour réconcilier économie et écologie.